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« Analyse minérale de l'herbe, un basique malheureusement omis »

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Ce courrier pour vous signaler plusieurs inexactitudes ou imprécisions, à mon sens, dans les propos d'experts parus dans vos colonnes. En mars (p. 58), l'un deux recommande 600 g de PDI dans les rations de vaches taries. Il s'agit là d'une recommandation Inra issue des anciennes tables de l'alimentation pour une vache de 600 kg au neuvième mois de gestation (675 g de PDI pour un animal de 750 kg). On sait aujourd'hui qu'à moins de 700 g de PDI par jour, la flore ruminale est fortement perturbée. Les recommandations actuelles sont plutôt de 900 g de PDI en fin de gestation. Attention également, les besoins sont renforcés encore lorsque les génisses vêlant à moins de vingt-cinq mois sont dans le lot des vaches taries. Un autre expert, interrogé en avril sur la complémentation minérale en 100 % pâturage (p. 44), présente les raisons de la mauvaise assimilation du magnésium à la mise à l'herbe, par l'augmentation du transit causée par l'eau contenue dans l'herbe. Ce n'est pas le cas le plus fréquent. C'est avant tout l'excès de potassium et le manque de sodium de l'herbe qui bloquent l'assimilation du magnésium. Ceci peut être aggravé par une lipomobilisation causée par une mise à l'herbe brutale, par un matin froid de printemps qui viendra compliquer l'assimilation de ce minéral. À propos de la mise à l'herbe, cet expert ne mentionne pas non plus l'importance de l'analyse minérale de l'herbe. Elle apporte pourtant des renseignements déterminants sur sa teneur en minéraux : on observe une baisse notable des teneurs en phosphore, qui peuvent conduire à devoir complémenter en phosphore, même au pâturage. Nos dernières analyses nous ont montré également des teneurs en molybdène importantes. Ce minéral rend le cuivre insoluble dans le rumen, et donc non assimilable par la vache laitière. Enfin, iode et sélénium sont oubliés dans son argumentaire alors que ce sont les oligo-éléments les moins présents dans l'herbe. Leur complémentation est obligatoire.

Au final, l'approche la plus rigoureuse doit comporter l'analyse minérale de l'herbe. Elle pourra permettre de sérieuses économies en ajustant le minéral au besoin des animaux. De plus, l'exploration nutritionnelle peut mettre en évidence les possibles carences des animaux.

LIONEL REISDORFFER, DR VÉTÉRINAIRE, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ OBIONE

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